Pousser la porte du magasin Sennelier, quai Voltaire à Paris, c’est pénétrer dans un lieu magique chargé d’histoire et de trésors pour les artistes…
Le magasin, 3 quai Voltaire est resté le même depuis 4 générations.
Le saviez-vous ? En achetant un tube de peinture Sennelier, vous choisirez sans doute une teinte validée par Cézanne. La gamme de pastels secs, dit à l’écu, a été déclinée à la demande de Degas et leurs sticks à l’huile ont vu le jour sous l’impulsion de Picasso !
Découvrez l’histoire d’une famille de passionnés, au service des artistes depuis plus de 130 ans.
Une gamme haut en couleurs
Un chimiste passionné de couleurs…
En 1887, Gustave Sennelier, chimiste et dessinateur, se lance dans la fabrication de peinture à l’huile. Le tube en plomb a fait son apparition une trentaine d’année plus tôt, remplaçant les vessies de porc et permettant un conditionnement et une commercialisation plus simple.

Les premiers catalogues de la Maison Sennelier, illustrés par Gustave Sennelier lui-même !
Patiemment, il broie les pigments mélangés à l’huile avec une molette en granit sur une plaque de granit. La qualité d’une bonne peinture réside dans la pureté des pigments bien sûr mais aussi dans la finesse du broyage.
« Plus le pigment est broyé, plus il est intense » m’explique Sophie Sennelier, arrière-petite-fille de Gustave et qui dirige aujourd’hui l’entreprise familiale en perpétuant l’exigence de qualité de ses aïeux. Elle me reçoit dans les entrepôts de l’arrière-cour du quai Voltaire, l’endroit même où son arrière grand-père fonda la maison Sennelier, il y a 132 ans…
En 1890, Gustave Sennelier formule une gamme de couleurs à l’huile extra-fines avec les conseils et critiques de ses clients peintres dont Cézanne et développer une palette de 120 couleurs à l’huile. Ses couleurs rencontrent un bon accueil auprès des peintre ce qui lui permet, quelques années plus-tard d’investir dans deux broyeuses tri- cylindriques permettant de mieux satisfaire une demande croissante tout en gardant les propriétés de ses couleurs haut de gamme.
En 1896, il s’intéresse à l’aquarelle. Cette couleur à l’eau, connaît une grande vogue en cette fin du XIX° auprès des artistes et des amateurs. Sa mise en œuvre est plus simple et les artistes peuvent facilement peindre face au motif. Il crée une gamme d’aquarelles de 80 nuances bientôt suivi d’une gamme de tempéra à l’œuf.
En 1900, la marque Sennelier est présente sur l’exposition universelle. Degas sollicite Gustave pour qu’il lui fabrique quelques tons de pastels tendres. Cette demande va être à l’origine de la célèbre gamme des « Pastels à l’Ecu ». Cette gamme de pastels secs possède alors plus de sept cent teintes ! De par sa texture « poudreuse » le pastel demande un support qui présente un grain pour retenir le pigment comme les papiers d’Ingres, mi- teinte Canson.

Aux rênes de l’entreprise pour satisfaire les artistes !
Sennelier & fils
En 1915, Charles Sennelier, fils de Gustave, intègre la société. Son frère Henri le rejoindra quelques années plus tard. Gustave Sennelier décède en 1929, laissant ses fils aux rênes de l’entreprise familiale.
En 1936, les deux frères ouvrent un deuxième magasin, dans le quartier de Montparnasse gagné par l’ambiance Art Déco des années 30. En collaboration avec des fabricants de papier, l’entreprise va s’équiper afin de réaliser des reliures et fabriquer des albums et des carnets de croquis pour les artistes.
Aujourd’hui, le magasin Sennelier du quai Voltaire possède un étage consacré aux papiers du monde entier !
Le courant impressionniste et son goût pour les œuvres japonisantes voient apparaitre les éventails, les paravents… et autres textiles comme supports de création. Sennelier ne manque pas cette tendance et développe toute une gamme de produits de batik permettant de peindre sur textile. Ces produits connaîtront aussi un vif succès dans les années 68 avec le mouvement Hippies.
Prisonnier pendant la guerre, Henri revient en 1945 et décide de déménager l’usine Sennelier du quai Voltaire à Ivry afin d’étendre la surface de fabrication et l’éventail de produits. Il rencontre le peintre Nicolas de Staël et développe, à sa demande, une peinture à l’huile avec plus de matière. Elle se prête au traitement au couteau en vogue à cette époque. Après les carnets de croquis, la marque décide de fabriquer des toiles tendues pour les artistes.
En 1948, Henri Sennelier rencontre l’artiste Henri Goetz et Picasso à travers lui. Tous deux lui demandent une peinture que l’on puisse appliquer sur tous les supports ne sèche pas trop vite pour avoir le temps de la travailler. Après deux ans de recherches, naissent les Pastels à l’huile, particulièrement onctueux, avec des propriétés très spécifiques de souplesse d’emploi, et ne nécessitant pas de préparation. Ces Pastels à l’huile sont encore un produit phare de la maison Sennelier aujourd’hui.
C’est également Henri Sennelier qui définira les 525 tons de pastels à l’écu Sennelier. Ce chiffre reste le même aujourd’hui, même si certains tons sont régulièrement revisités pour répondre aux demandes artistiques.
S’enrichir des savoir-faire internationaux
La troisième génération
Dans les années 60, Pierre et Dominique, fils de Charles et Henri poursuivent le développement de la marque familiale.
Dominique va s’atteler au rayonnement international des produits Sennelier. Il profite de ses voyages à l’étranger pour s’enrichir aussi des connaissances et savoir-faire des fabricants et des artistes, principalement aux Etats-Unis.
Dominique reprend seul la gérance de la société en 1969. Des Etats-Unis, il va notamment ramener les pigments synthétiques. Si, Outre-Atlantique, ils sont utilisés dans l’acrylique, il va avoir l’idée de les travailler avec la peinture à l’huile, leur découvrant de belles propriétés. Ces pigments rendent la peinture plus facile à travailler.

En trouvant un réseau de distribution sur les terres américaines, il va faire rayonner la marque à l’international, à tel point que Sennelier devient la première marque française de Beaux-Arts aux Etats-Unis dans les années 80.
Une continuation de la tradition familiale dans l’amour de l’art
De père en fille
En 1997, Sophie Sennelier, fille de Dominique, fait son entrée dans l’entreprise. Ayant fait des études d’Art appliqué à l’école Duperré puis aux Beaux-arts de Paris, elle perpétue la tradition familiale dans l’amour de l’art et le gage de produits de qualité pour les artistes.
Depuis 1994, la fabrication des produits Sennelier est désormais confiée à la Famille Sauer, fabricants des pinceaux Raphaël. Cette fabrication se fait toujours en étroite collaboration avec la famille Sennelier, dans le respect de la qualité des produits et des attentes des artistes.
Cela permet à Sophie Sennelier de se consacrer pleinement à la gestion des magasins.
En 2007, elle ouvre un autre magasin dans le 14eme arrondissement de Paris. Ce dernier propose une offre particulièrement large destinée aux enfants.
Dans les trois magasins Sennelier, Sophie s’attache à conserver l’esprit artisanal qui fait la renommée de la maison. Quai Voltaire, vous pourrez déambuler dans les allées garnies des meubles d’époque avec leurs tiroirs à trésors qui offrent plus de 35000 références différentes ! Elle a la volonté de garder le service au centre de son activité commerciale, ainsi le magasin ne compte qu’une caisse mais cinq vendeurs tous passionnés et spécialisés dans leur domaine afin de vous conseiller au mieux.
« Un nuancier sur un écran d’ordinateur ne peut remplacer la vraie teinte sur papier. Le matériel de Beaux-arts met tous les sens en éveil ! La vue de la couleur, le toucher du papier, l’odeur de la peinture… »

En étant à la fois fabricant et commerçant de couleurs, Sennelier a su créer un lien particulier avec le monde artistique, en adaptant ses produits aux attentes des peintres.
Le domaine des arts est fait de tests, de retour d’expériences, d’échanges et de conseils avisés. Ce sont toutes ces valeurs, autant que la qualité des produits, qui font la renommée de la marque Sennelier. « Nous parlons le même langage que les artistes ! »
Pour Sophie Sennelier, toute personne franchissant la boutique doit rêver, qu’elle soit novice ou artiste confirmé. Les gammes de produits autant que les gammes de prix sont larges afin que chacun y trouve son bonheur.
« Pour les personnes qui souhaitent se lancer dans une technique artistique, je leur conseillerais de ne pas avoir peur, et de commencer plus par une technique en couleur que par le dessin. Par exemple : des pastels secs à travailler au doigt, des crayons diluables à l’eau, une petite boîte d’aquarelle abordable… »

Lorsque je demande à Sophie les projets à venir, elle me répond sans hésiter « Résister ! », sans animosité et avec passion. Face à un monde de plus en plus technologique et qui va très vite, la pratique de l’art permet de prendre son temps et de se reconnecter avec la valeur des choses. Tout comme une belle peinture aura demandé un temps plus long de broyage des pigments, entrez passer du temps dans un magasin de beaux-arts, bénéficiez de ces savoir-faire… et surtout, prenez ensuite le temps de créer en ayant plaisir à utiliser ces matières et matériaux de qualité !
Testez les produits sur le salon
Retrouvez les produits Sennelier lors du salon Créations & savoir-faire
L’équipe Sennelier sera présente sur le salon Créations & savoir-faire afin de vous rencontrer, d’échanger autour des multiples techniques artistiques possibles et de vous faire tester leurs produits lors de nombreuses démonstrations. Outre leurs propres produits, trois autres marques seront présentes sur le stand, distribuées par les magasins Sennelier. Découvrez les crayons Caran d’Ache, les marqueurs Molotow et les carnets de croquis Hahnemühle.
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